martes, 10 de marzo de 2020

LE SÉNÉGAL, UN PAYS DANS MON COEUR. AUTEUR: ÁNGEL CAMPOS

Je viens de rentrer du Sénégal et mon grand ami Maguette Sow m'a demandé d'écrire mes impressions sur le voyage, afin de les publier dans ce blog, auquel j'ai souscrit du début, et apporter ainsi une vision différente, de l'extérieur, du pays. Il m'a également demandé de l'illustrer avec quelques photos que j'ai prises lors de mon voyage.



En premier lieu, je dois dire que je ne vais pas pouvoir être objectif. Je ressens une particulière  sympathie envers le Sénégal. Il ságit d'une image venue de mon amitié avec  Maguette Sow et de nombreux autres Sénégalais que j'ai rencontrés en Espagne, toujours le sourire aux lèvres et une incroyable capacité à surmonter les conditions de vie extrêmement difficiles qu'ils endurent. J'avais une idée favorable du Sénégal dans ma tête. Maintenant, je peux dire que je le porte aussi dans mon cœur.

J'ai rencontré un pays très dynamique. Plus de 35% de sa population a moins de 25 ans, ce qui permet de trouver partout beaucoup de jeunes et d'enfants qui se dirigent à l'école ou au lycée, qui jouent au football, ou travaillent dans un magasin ou au marché. Le nombre moyen d'enfants par couple est près de six et il n'est pas difficile de trouver des familles à sept ou huit enfants. Aujourd'hui, la mortalité infantile très réduite (c'était historiquement élevée à cause du paludisme), un horizon de grand potentiel se lève, à moyen terme. Pourtant, si on ne fait attention à la manque d'emploi, le pays va avoir des difficultés à avancer de ses propres moyens.


Les enfants s'approchent curieux, saluer les touristes

Ils commencent à travailler dès très jeunes

L'éducation primaire est presque généralisée, chez les enfants et les filles
La vie tourne autour du marché, toujours présent dans toute ville ou village, constituant  l'artère de communication principale. Les marchés montrent toute la couleur et, en général, toute l'activité de la population

D'autre côté, le rôle omniprésent des femmes sénégalaises dans la vie quotidienne se démarque. On devine leur présence sur les marchés, leur travail à la maison, sur le terrain, au marché de poisson, également dans les danses et les fêtes, portant souvent un bébé  sur le dos et équilibrant une lourde charge sur la tête . Et toujours ornées d'une dignité majestueuse. Il est clair que ce rôle fondamental n'est pas à juste titre reconnu dans une société trop éloignée de l'égalité de chances et de la non-discrimination fondée sur le sexe Ce sera, sans aucun doute, un domaine dans lequel les femmes sénégalaises devront progresser  au fur et à mesure qu'elles pourront accéder à l'éducation supérieur ou à la formation professionnelle et, pourquoi pas, à la planification familiale, presque inexistante aujourd'hui.


Les femmes contribuent à l'économie familiale, mais en des travaux faiblement rémunérés

Le rôle principal des femmes se trouve encore à la maison

J'ai pu vérifier que la société sénégalaise est très majoritairement tolérante et solidaire. Le concept occidental de famille, non seulement anglo-saxonne, mais même  la méditerranéenne, plus large et plus intégrée, est très éloigné du concept sénégalais - africain en général - de famille. La famille africaine ne se limite pas au noyau le plus proche (parents, enfants, grands-parents) mais s’étend aux oncles, neveux, parents éloignés et, si nécessaire, même aux voisins. Tout problème dans ce large noyau est  responsabilité de tous: les maladies, les problèmes économiques, l'attention aux dépendants, l'aide au travail… Dans chaque «groupe», il y a un chef de famille, généralement le père ou le fils aîné, qui conseille, et qui communique le problème à tout le reste. Chacun va contribuer - avec son argent ou son travail - selon ses possibilités, tout le monde est concerné. Que ce soit au propre village, dans une autre ville ou dans un autre pays, il faut y contribuer. Par conséquent, il est facile de comprendre que le succès ou l'échec de ceux qui migrent vers l'Europe est essentiel pour touts car, d'une manière ou l'autre, ils dépendent tous de l'argent qu'ils y envoient.


Construction artisanale de pirogues

le marché, toujours au milieu de la ville

C'est aussi une société tolérante et pacifique: la majorité musulmane (95%) coexiste sans problème avec la minorité chrétienne, animiste, ou protestante. En outre, plus du 40% de la population est d'origine ethnique wolof, c'est à cause de ça que la grande majorité du pays se communique en cette langue. Mais au total, d'innombrables ethnies et langues coexistent au Sénégal: Peuls ou Fulanis; Serenes; Mandingas-Malinkés; Diolas; Bédicks; Bassaris …… Il y a même pas mal d'Européens qui vivent surtout dans les villes, sans que la coexistence de tous ces groupes ethniques n'implique de conflit.

Les ressources naturelles du Sénégal sont luxuriantes: la pêche, l'agriculture, les parcs naturels, le pétrole, le gaz, le tourisme et même les ressources minières.

Par conséquent, à mon avis, il était incompréhensible a priori qu'un pays comme le Sénégal n'ait pas un niveau de développement plus élevé et que ses habitants aient été contraints de migrer vers l'Europe à la recherche des opportunités qu'ils n'y trouvaient pas.



Le Sénégal est un ensemble de différents cultures et ethnies


La Nature est une importante source de tourisme

L'explication est, dans le colonialisme. Mais pas l'historique, mais l'actuel. Soixante ans après avoir accédé à l'indépendance politique, le colonialisme économique est toujours plus présent dans le pays (à travers le continent), empêchant les pays africains de se développer économiquement et la pleine utilisation de leurs ressources.


La pêche, qui constituait il y a peu d'années la principale source de travail et d'activité de la population de l'arc occidental du pays - où se concentre la moitié de la population (Dakar, Casamance, Saint Louis) -, elle est de plus en plus rare en raison de la présence de grandes sociétés de pêche européennes qui, avec leurs grands navires de tonnage et de gamme, capturent le poisson loin de la côte, ce qui réduit de moins en moins le nombre de captures de pirogues qui ont un champ d'action beaucoup plus étroit.


La stratégie coloniale-impérialiste est similaire dans dans le reste des secteurs: le gouvernement est à son tour "persuadé" d'accorder les autorisations nécessaires pour créer des coentreprises, majoritairement détenues par des capitaux étrangers et à une participation minimale de l'État. De cette façon, les ressources du pays sont cisaillées sans bénéficier, dans une moindre mesure, aux Sénégalais eux-mêmes. Encore pire, les possibilités de travail et de subsistance des habitants sont limitées. Sans aucune autre option, ils sont contraints d'émigrer en Europe.


Des pirogues préparées pour la pêche

Le port de Dakar est un parfait exemple du rôle joué par les ports coloniaux en Afrique de l'Ouest en centralisant les échanges de l'empire vers le reste de la zone coloniale française. Aujourd'hui encore, il achemine une grande partie du trafic vers le reste de l'Afrique et vers l'Amérique. Dans des informations que je n'ai pas pu vérifier, les Sénégalais me disaient que la France a assuré, sans limite de temps, le 50% des bénéfices nets générés par l'activité du port de Dakar.


Mine d'or à Mako
Ce fut une énorme surprise de trouver une mine d'or dans la région de Kédougou (Mako), au sud-est, la zone la plus pauvre et la plus abandonnée du pays, à la frontière de la Guinée Conakry et du Mali. La mine, exploitée par la filiale sénégalaise d'une société allemande, avait, selon les informations publiées sur son propre site Internet, des prévisions de production initiale de 1 million de tonnes d'or sur une période de 11 ans, mais des estimations ultérieures ont étoffé ces prévisions. La participation de l'État dans ce cas est réduite à un maigre 10%. Même la région, dont la population totale dépasse à peine soixante-dix mille personnes et à peine plus de six mille dans la zone la plus proche de la mine, ne bénéficie pas des emplois générés, car l'entreprise n'emploie que des salariés Anglophone.

Les Sénégalais, résignés, pensent que si le bénéfice de cette mine était dans les coffres de l'Etat, il suffirait pour payer la construction des infrastructures dont le pays a besoin, ainsi que de généraliser un système de santé publique vraiment nécessaire.



L'horizon socio-économique du Sénégal à moyen terme peut être très prometteur. Les énormes ressources naturelles, renforcées par un grand potentiel touristique, sa jeune population, le caractère pacifique, tolérant et travailleur de ses habitants, sa stabilité politique et sociale en l'absence de conflits ethniques, constituent une base imbattable.

Mais de grandes et inquiétantes difficultés sont également visibles si des possibilités d'emploi et de développement ne sont pas offertes à cette population. Le recours à l'émigration restera toujours là. Personne ne veut quitter sa famille ou son territoire s'il n'y est pas contraint. Mais il est clair que si les structures actuelles ne changent pas, elles n'auront pas d'autre issue.

Des images très thypiques du Sénégal:
Le transport publique: une aventure en soi-même

Le baobab, partout au paysage

L'Île de Gorée, patrimoine de l'humanité et témoignage de la barbarie esclaviste

Merci, Ángel Campos de Peuples Unis, de ta collaboration.

No hay comentarios:

Publicar un comentario